TERA, le modèle économique de demain ?

La rencontre avec l’association Tera a été un temps fort pour mon arrivée sur ce Canethon 2016. Le projet permet de repenser la société en proposant une alternative qui soit intégrée au modèle de société actuel. Il s’agit d’un changement, plutôt que d’un combat contre le système. Durant notre séjour, nous n’avons pas entendu parler de lutte, ni d’autarcie, ni de destruction. Le discours de chacun était mesuré et réfléchi et amenait à repenser notre quotidien dans le respect des Hommes et de la Nature.

Tera souhaite dans un premier temps expérimenter un modèle d’éco-hameau sur 3 ans. Cette expérimentation sera suivie par un conseil scientifique qui, avec les indicateurs de croissance et de développement actuels, validera ou non l’hypothèse suivante : les éco-hameaux de Tera permettent à ses habitants de vivre dans le respect des Hommes et de la Nature, tout en s’épanouissant et en développant l’activité économique de la commune d’accueil.

Besoins vitaux et revenu de base

TERA estime que toute société doit permettre à ses citoyens d’assouvir leurs besoins vitaux. Pour cela, les éco-hameaux proposeront à chaque habitant un revenu de base, c’est-à-dire un revenu qui sera versé de façon inconditionnelle et qui permettra à chacun de :

  • Participer au financement du projet,
  • Payer les taxes et cotisations de l’Etat (sécurité sociale, chômage, retraite, etc.),
  • Payer son loyer, son alimentation, son énergie consommée, ses frais de mobilité, etc.,
  • Consommer en dehors du marché local, car celui-ci ne prétend pas couvrir tous les besoins de ses habitants.

Tous les frais qui correspondent au marché local (éco-hameau + commerçants utilisant la monnaie locale) serviront directement à la redistribution de ce revenu de base et ils seront complétés par les exportations de l’éco-hameau, ainsi que par les prestations de service que les habitants proposeront.

Ce système suppose un minimum de participation aux activités communes de l’éco-hameau (entretenir le jardin potager, construire et entretenir les bâtiments, gérer les moyens de transport mis à disposition de la collectivité, etc.). L’hypothèse de TERA est que chaque personne peut assouvir ses besoins vitaux grâce à la communauté, en travaillant 2h/jour, soit 14h par semaine. Toutefois, chacun sera libre de choisir ses tâches et s’il souhaite accomplir plus d’heures ou pas. C’est, pour TERA, une façon très équilibrée de faire vivre la collectivité.

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Extrait de la présentation du modèle économique imaginé par Frédéric BOSQUÉ, accessible au public.

Le principal avantage de la mise en place d’un revenu de base est qu’il laisse plus de temps libre qu’un emploi classique à chaque individu pour développer des passions ou des activités. Ce système n’est possible que si les activités de base nécessaires à la vie de l’éco-hameau sont assurées.

Une monnaie complémentaire locale

S’il y a bien un point que les porteurs du projet décrient, c’est le système financier actuel. Leur critique du système monétaire et des marchés financiers est sans appel. Pour eux, la solution est l’emploi d’une monnaie complémentaire locale. Cette monnaie a l’avantage de circuler sans être thésaurisée et de favoriser le circuit-court. C’est une réponse simple à la problématique de la spéculation.

Pour le moment, TERA utilise l’abeille, une monnaie employée par les commerçants de la région. Mais à terme, il est envisagé d’introduire une autre monnaie complémentaire locale qui serait, elle, numérique. L’association rejoint l’idée que la solution, sur le long terme, prônée pour échapper aux lois destructrices des marchés financiers, est l’instauration de plusieurs monnaies locales complémentaires numériques sur tout le territoire français. Ces monnaies seraient échangeables grâce à une chambre de compensation.

Un nouveau statut juridique

Vous l’aurez compris, TERA est un projet qui a une vision sur le long terme. Sa volonté de redynamiser l’économie locale tout en autonomisant les citoyens en fait un projet systémique et intégré. Cette vision globale amène des contraintes quant au statut juridique que le projet doit prendre.

Un projet qui mélange des formations, de l’agriculture, de la construction, du commerce, etc. ne peut correspondre à un seul statut juridique. L’imbrication exacte des différents statuts que l’association a dû mixer pour obtenir une structure proche de ses différents objectifs est très complexe. Il faut imaginer un éco-hameau présentant la forme d’une SCIC avec des GAEC, des associations loi 1901, des OACAS, etc.

TERA aimerait simplifier cette structure hybride en proposant à l’Etat un nouveau statut juridique permettant la création et la gestion d’un éco-hameau basé sur un revenu de base et une monnaie complémentaire locale. Une sorte de « société coopérative intégrale ».

Pour conclure

Il y aurait encore beaucoup d’autres points à approfondir sur ce projet. Mais ce que nous en retirons principalement, c’est une forme de combat non violent. Une volonté de changer les choses, de proposer une nouvelle alternative, de montrer que le bien-être n’est pas dans la surconsommation. Un message positif envoyé à tous les sceptiques et à tous les pessimistes. Une façon d’agir en douceur sur son propre mode de vie tout en gardant les codes et le lien avec la société actuelle.

Nous avons été particulièrement séduits par cette initiative et vous recommandons vivement d’approfondir ces questions sur leur site internet !

3 réflexions sur “TERA, le modèle économique de demain ?

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